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D’Istanbul à Annecy, portrait de Hulya Boga qui travaille au Pré du Lac.

Journaliste kurde en Turquie, réfugiée politique en France, Hulya va ouvrir son restaurant à Faverges, au bord du lac d’Annecy.

Tous les étrangers qui arrivent en France et demandent l’asile ne connaissent pas ce destin idéal, pour autant, les images alarmantes que nous voyons régulièrement dans les médias, symboles souvent d’une impossible intégration, ne doivent pas occulter les parcours de réussite de ces personnes venues d’ailleurs. «C’est pour cela, que nous avons souhaité raconter l’histoire d’Hulya, qui travaille chez nous depuis juillet 2020» précise Aurélie Gasnier, directrice du village de vacances Le Pré du Lac.

Pour l’équipe du Pré du Lac, habituée à former des personnes éloignées de l’emploi, le parcours et la réussite de Hulya sont une vraie source d’inspiration et une grande satisfaction !
Accompagnée d’abord par Pôle Emploi, puis par l’association «Solidarité pour réussir 74» et enfin par Aurélie et son équipe et plus particulièrement Nina, responsable de salle du Pré du Lac, Hulya revient sur son parcours hors du commun, et sa détermination sans faille.

Hulya, peux-tu nous raconter pourquoi et comment tu es arrivée en France ?

«Je suis réfugiée politique kurde, en Turquie j’étais journaliste et militante pour le Droit des femmes.» Elle fait état des difficultés rencontrées par les kurdes en Turquie et de son rêve de liberté. Cette liberté c’est en France qu’elle la voyait, «ma maman travaillait dans la mode, chez nous on a toujours aimé la France» nous confie Hulya. Alors en 2013, elle a voulu tenter sa chance. «J’ai réservé un billet d’avion direction Paris, je suis partie seule avec ma valise. Je ne parlais pas français. Par chance, des touristes japonais m’ont aidée lors de mon arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle, j’ai pu avoir au téléphone une personne qui parlait kurde, qui travaillait pour une association d’aide aux réfugiés, elle m’a dit de me présenter à la préfecture de Paris, j’y suis allée en pleine nuit, et j’ai attendu l’ouverture dans une file d’attente déjà dense».

Dès l’obtention de sa carte de séjour, Hulya, avec l’aide des conseillers Pôle Emploi, enchaine les contrats pour Arte et France 2, mais sa connaissance du français étant très limitée, ses missions se cantonnent à celle de régisseuse.

Hulya, amoureuse de la nature, découvre Annecy lors d’un séjour touristique avec son mari, rencontré peu de temps après son arrivée à Paris. Travailleurs et motivés, ils ne sont pas effrayés par le changement et décident alors de quitter Paris pour la Venise des Alpes.

Comment as-tu intégré l’équipe du Pré du Lac ?

«Je voulais découvrir une nouvelle activité professionnelle, la restauration. J’ai intégré l’équipe du village de vacances en juillet 2020 grâce à Pôle Emploi. J’avais une autre proposition mais lors de mon entretien avec Aurélie (directrice du Pré du Lac) j’ai eu confiance tout de suite. J’ai été très aidée par l’équipe, ils m’ont appris beaucoup de techniques et mon français est aussi beaucoup mieux aujourd’hui».

Avec l’accompagnement de l’association «Solidarité pour réussir 74» (SPR), Hulya a pu suivre parallèlement à son travail au Pré du Lac, des cours de français et des formations en hygiène et en comptabilité.

«Le Pré du Lac est géré par une association du tourisme social et familial, c’est dans notre ADN d’aider des personnes éloignées socialement et professionnellement à se réinsérer, précise Aurélie. Nous recrutons régulièrement des hommes et des femmes qui viennent par le biais de l’association SPR 74».

Quels sont tes projets aujourd’hui ?

«Je finis bientôt ma mission au Pré du Lac et grâce à l’expérience que j’ai eu ici je vais ouvrir mon entreprise. Je vais reprendre un restaurant que j’appellerai LILAS, un nom très féminin que j’aime beaucoup. Mon but : mettre en pratique tout ce que j’ai appris grâce à cette équipe.»

Soulignons que le projet de Hulya a été validé et soutenu par le dispositif Initiative Grand Annecy, une association qui accompagne les entrepreneurs de Haute-Savoie dans leurs projets de création d’entreprise.

Pour conclure, as-tu un message, un conseil pour les personnes réfugiées en France ?

«Ce serait en priorité qu’elles apprennent le français et s’intègrent à la communauté française pour qu’elles puissent réussir, car c’est possible !»

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